En participant au TTT (Trail by Train Tour), on se donne une chance de décrocher une invitation gratuite pour différents stages de trail aux côtés de deux des parrains de l’opération: Andy Symonds et Xavier Thévenard (*). Pour cela, il faut soit figurer aux premières places du classement des traileurs ferrovipathes (ceux qui privilégient le train pour se rendre sur les lieux des épreuves), soit être tiré au sort. A la mi-mars, les deux premiers lauréats du TTT 2023, Pierre et Jean-Luc, ont ainsi pu participer à un stage de trois jours (d’une valeur de 320 euros) auprès d’Andy Symonds. Zatopek était là également.
Nous sommes finalement sept stagiaires, âgés de 23 à 61 ans et venus de différents coins de France et de Belgique, à nous retrouver dans le gîte Le Panorama des Alpilles, dans le charmant village d’Aureille où Sandie et Cédric organisent et accueillent chaque année ce stage avec Andy Symonds. Le 1er jour, Andy Symonds débarque en portant un grand sac noir estampillé Scott. Il le dépose sur la terrasse. Sous le regard curieux de tous, il en sort une, puis deux, puis trois et enfin quatre paires de chaussures, dans une déclinaison de noir et jaune fluo plutôt agressif. «Celles-ci, c’est pour les petites sorties tranquilles», explique-t-il en montrant une première paire. On s’interroge sur ce qui se cache derrière l’adjectif «tranquille». «Celles-là, c’est pour les séances rapides mais qui demandent de l’accroche pour le dénivelé». La troisième paire? «Pour les sorties longues, elles ont un peu plus d’amortie.» Quand vient le moment de présenter la quatrième paire, Andy lève la tête: «attention, si je mets celles-là, c’est que ça va être l’enfer!». Grands éclats de rire sur la terrasse. Quelques frissons aussi. Avant chaque sortie, on comprend également qu’il nous faudra observer du coin de l’oeil la paire choisie par Andy, histoire d’avoir une idée de la sauce à laquelle on sera mangé. Ce court prélude à notre première sortie en dit aussi très long sur l’importance accordée au matériel dans la communauté de traileurs. Notamment les chaussures. Quelle marque, quel modèle, quelle accroche, quel drop, etc. La thématique semble inépuisable. C’est d’ailleurs ce que l’on vient chercher en participant à ce genre de stage, échanger sur tous les aspects de la pratique avec d’autres passionnés. La question écologique s’invite aussi souvent dans les discussions. La plupart des participants, Andy en tête, y sont très sensibles. Quand l’un des stagiaires s’interroge sur l’impact environnemental lié au remplacement des chaussures, le traileur anglais offre une réponse pour le moins étonnante: «une paire de chaussures, ça vaut trois burgers». Décryptons: l’empreinte carbone d’une paire de chaussures de sport, estimée aux alentours de 15 kilos de CO2, équivaut à celle nécessaire à la production de trois burgers. De quoi remettre un peu les choses en perspective.
S’enchainent ensuite deux jours faits de sorties, d’exposés techniques, de détente, de repas faits de produits bios et locaux et des soirées d’échange, de partage et de rires. On retiendra un exposé inspirant de Guillaume Gautier, co-fondateur de la société Mental Sport spécialisée dans la préparation mentale des sportifs et qui a notamment accompagné des cavaliers et des judokas de l’élite. Mais aussi Andy et «La course à pied, c’est pas du rocket science». Autrement dit, c’est pas sorcier. Le tout, selon lui, consiste à trouver une routine adaptée et parvenir à la conserver. Pour progresser, il faut «juste» veiller à suivre ce cycle: se fatiguer, récupérer, surcompenser, se refatiguer, et ainsi de suite. Sous son humour et sa simplicité, l’homme maîtrise son sujet à la perfection. Manifestement, il prend plaisir à partager ses connaissances. Plus important encore: il suscite l’envie, sinon de le suivre, ou moins de l’imiter. Après un dernier repas rempli de saveurs, de chaleur et de convivialité, chacun reprend la route (ou le rail pour ce qui nous concerne), les jambes lourdes mais le coeur léger et la tête remplie du souvenir de toutes ces rencontres. Bien convaincu aussi d’être devenu un traileur un peu plus accompli en l’espace de trois jours seulement, dans un décors emplis de saveurs provençales.
Andy Symonds (43 ans) est un traileur anglais qui vit depuis une douzaine d’années avec sa famille dans le village de Lagnes dans le Luberon, non loin des Alpilles. Ingénieur en énergies renouvelables, il fait partie des rares sportifs à se soucier d’écologie. En 2022, il avait refusé de participer aux championnats du monde de trail et de course en montagne en Thaïlande pour ne pas alourdir son bilan carbone annuel. Cela ne l’empêche pas de se construire un superbe palmarès en Europe. L’année passée, il a notamment gagné le Matterhorn Ultraks (49 kilomètres) et le Wildstrubel (113 kilomètres).
(*) En 2024, des invitations similaires seront à gagner pour un stage avec Andy Symonds dans les Alpilles et avec Xavier Thévenard dans le Jura. Toutes les infos sur le site www.zatopekmagazine.com.