Enquête sur un serre-tête refroidissant

Tous ceux qui ont suivi les marathons masculin et féminin des derniers Jeux de Paris ont sans doute été intrigués par le serre-tête que portaient plusieurs coureurs pendant la course. On aurait dit un diadème!

En réalité, il s’agissait d’un banal bandeau noir et gris, serti de modules argentés qui, de loin, miroitaient comme des pierres précieuses. Conçus par la marque Omnius, ces bandeaux contiennent des petits morceaux de carbone dur (du graphite) un matériau connu pour ses remarquables propriétés conductrices. En augmentant la surface d’échanges thermiques, ils sont censés éviter que la sueur produite en grande quantité à l’effort ne ruisselle sur le visage et finisse par tomber sur le sol sans bénéfice de refroidissement. Pour une efficacité maximale, il faut évidemment veiller à ce que les petits noyaux de graphite soient au contact de la peau afin qu’ils puissent s’imprégner de sueur et favoriser son évaporation. Selon le fabricant, le serre-tête ne doit pas être refroidi préalablement comme nous le pensions initialement. En revanche, il est conseillé de le maintenir toujours mouillé pour épargner quelques millilitres de précieuse sueur. Est-ce que cela justifie le surpoids? Lorsqu’il est sec, le bandeau pèse 50 grammes. Mouillé, cela doit être au moins le double. Lorsqu’on sait l’importance que les coureurs accordent à chaque gramme perdu ou gagné, oui, on se demande forcément s’il y a lieu d’accorder un quelconque crédit aux arguments des fabricants selon lesquels cette « technologie permet d’amplifier l’effet de refroidissement ». Alors, le jeu en vaut-il la chandelle?

Il existe deux façons de répondre à cette question : les résultats de l’épreuve olympique et les arguments étayés par des travaux scientifiques. Certes, ces bandeaux sont d’usage récent en course à pied. Un peu moins dans le triathlon. Cela explique que l’on possède très peu d’informations objectives. Mais nous avons tout de même trouvé une étude indépendante, menée quelques semaines avant les Jeux par des chercheurs du département de kinanthropologie de l’Université de Sherbrooke en Angleterre (1).

Découvrez l’article complet et bien d’autres sujets dans le dernier numéro (72) du Zatopek Magazine.

On peut aussi lire des travaux d’auteur ou visionner les conférences passionnantes de Sébastien Racinais (CREPS de Montpellier). Méthodiquement, il recense alors tous les protocoles pour s’entraîner en toutes circonstances et démontre surtout que l’acclimatation à la chaleur est aussi nécessaire que lorsqu’on est amené à produire un effort en altitude. Pour améliorer le fonctionnement de ce système de refroidissement, on peut recourir à des infrastructures sophistiquées comme celles que l’on trouve dans le centre d’ASPETAR (Qatar) où le professeur Racinais se rend régulièrement pour mener ses recherches. On peut s’y prendre aussi de façon beaucoup plus prosaïque: courir avec plusieurs couches de vêtements, prendre de longs bains chauds, s’entraîner dans une pièce surchauffée ou faire du sauna après son entraînement. Les avantages qu’on tire de ces confrontations à la chaleur sont infiniment plus précieux que n’importe quel bandeau d’effort. Fut-il celui d’une championne olympique!

Partager sur

Laisser un commentaire

Dernières news