À la fois sportives de haut niveau et mamans : qui dit la science ?

Peut-on combiner la vie de sportive de haut niveau et celle de mère de famille ? Certaines sportives en ont fait la démonstration, notamment dernièrement avec un podium féminin aux 20 Km de Bruxelles composé uniquement de mamans ! Zatopek Magazine a mené l’enquête.

Cette image du marathon de New York 2007 est restée célèbre. Paula Radcliffe remporte l’épreuve pour la deuxième fois de sa carrière en mettant deux secondes de moins que lors de sa précédente victoire en 2004 (2h23.08). Onze mois plus tôt, elle avait pourtant accouché d’une petite fille, Isla.

”Quand je continuais à m’entraîner durant la grossesse, j’ai entendu de nombreux commentaires stupides”, se souvient Paula Radcliffe. On l’accusait en somme de mettre la vie de son bébé en danger.

Toutes ces critiques auraient évidemment pu l’ébranler dans une période de l’existence où l’on est forcément plus fragile. Heureusement, elle a aussi trouvé du réconfort auprès de championnes qui étaient passées par les mêmes phases de doute lors de leurs grossesses respectives comme l’Irlandaise Sonia O’Sullivan et sa compatriote Liz McColgan.

 

Surtout une question d’âge

L’histoire de Paula Radcliffe et de toutes ces femmes qui ont pu marier leur carrière d’athlète et l’enfantement a inspiré une étude à l’équipe de l’Institut de recherche biomédicale et d’épidémiologie du sport (IRMES) à l’INSEP.

”On voulait savoir dans quelle mesure la maternité était compatible avec un retour au premier plan”, explique Nicolas Forstmann, l’un des chercheurs. “C’est un sujet important pour beaucoup de femmes. Or on disposait de très peu de données sur la question. Seule une étude norvégienne indiquait que 44 % des mamans sportives retrouvaient l’intégralité de leurs capacités après la naissance et 15 % d’entre elles dépassaient même leur ancien niveau. Mais cette étude était pluridisciplinaire. De plus, elle reposait sur des questionnaires et des entretiens au cours desquels les athlètes pouvaient évidemment se tromper et mésestimer le volume et l’intensité de leurs entraînements.”

Un podium féminin 100% composé de mamans lors de l’édition 2024 des 20 Km de Bruxelles. ©Hugé

Nicolas Forstmann et son équipe ont donc choisi une tout autre méthode. “Nous avons récolté les données sur les 150 marathoniennes les plus rapides de l’histoire. On a identifié les 23 coureuses qui avaient eu un enfant et les 14 qui en avaient eu deux. Sur ces 37 mamans, 26 d’entre elles, soit 70,27 %, avaient battu leur record personnel après l’accouchement.”

A la lecture de ces résultats, on serait tenté de croire que la maternité ne nuit pas à la performance. Sauf qu’en affinant l’analyse, les chercheurs de l’IRMES ont constaté que c’était moins le fait d’avoir eu ou non un enfant qui comptait dans ce décompte, mais l’âge des mamans.

”En moyenne, ces marathoniennes avaient atteint leur pic de performance à 31,7 ans” explique Nicolas Forstmann. “Soit au même âge que les athlètes sans enfant.”

En clair, cela signifie que les jeunes mamans les plus jeunes vivaient leurs plus belles saisons souvent après la naissance du bébé alors que ce n’était pas le cas de celles qui avaient déjà dépassé les 30 ans lors de leur première grossesse. “Pour le dire autrement, la relation âge-performance n’est pas altérée par l’interruption liée à la maternité”, résume Nicolas Forstmann.

Un come-back, comme après une blessure ?

Est-il surpris de ce résultat ? Ecoutons-le. “Pas vraiment. Une étude menée sur des militaires avait déjà montré que les femmes qui avaient connu une grossesse après 30 ans avaient mis plus de temps que les autres à recouvrer leurs anciennes capacités physiques.”

D’ailleurs, on retrouve cette même discrimination de l’âge lorsqu’il s’agit de revenir au top après une grosse blessure. Une rupture des ligaments croisés du genou, par exemple. Ceux qui avaient amélioré leurs performances après l’accident étaient en moyenne beaucoup plus jeunes (22,2 ans pour les hommes et 18,7 ans pour les femmes) que ceux qui avaient vu leurs résultats se dégrader (25,3 ans pour les hommes et 22,4 ans pour les femmes) (4).

De prime abord, il n’y a pas tellement lieu de comparer une naissance avec un traumatisme sportif. Les symptômes, le projet, le contexte. Tout diffère entre ces deux situations. Sauf lorsqu’on envisage ces expériences sous l’angle du come-back. Là, les chiffres sont plutôt rassurants. Ils montrent qu’on peut parfaitement relever le défi de retrouver son niveau. Surtout lorsqu’on est plus jeune.

Le dossier complet sur le sport de haut niveau et la maternité est à découvrir dans le dernier numéro de Zatopek Magazine

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