Le prix du mérite ou le classement SyméTri.

Lors des cérémonies de remise de prix dans les écoles, celui du «mérite» ne récompense pas forcément le meilleur élève de la classe mais celui qui a le plus travaillé. Pourrait-on imaginer un équivalent dans le sport?

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Il y a quelques années, nous nous étions déjà posé la question de la place du mérite dans le sport. Un «mérite» que l’on définira comme tout ce qui conditionne la performance brute. Dans ce mérite, il y a une notion de travail, d’opiniâtreté et parfois même d’abnégation pour surmonter les difficultés de la vie. Prenons l’exemple de l’âge. A mesure que l’on vieillit, le corps change et cela se traduit notamment par une diminution progressive de l’intensité maximale des efforts physiques que l’on est capable de produire. Les performances diminuent, certes. Mais le mérite, lui, peut parfaitement demeurer! Il y a quelques années, au sein du magazine Zatopek, on s’était mis en tête d’établir un classement qui tiendrait compte de l’influence de l’âge.

Le concept « MQSA ».

Sur la base de l’expression «meilleur que son âge». Le principe était assez simple. On court un 10 kilomètres à fond. Ensuite, on soustrait son âge à son temps en minutes. Imaginons le cas d’une personne de 58 ans qui boucle la distance en 64 minutes. Cela lui fait un «indice Zatopek» de 64 – 58 = 6. Trois ans plus tard, elle refait la même épreuve et signe cette fois un chrono de 65 minutes. Le temps est moins bon. Mais son indice Zatopek, lui, s’est amélioré: 65 – 61 = 4. Vous l’avez compris. Ce mode de calcul présentait l’avantage de dégager tout de même un indice favorable dans un contexte global de déclin des performances. Et cela compte pour la motivation! En même temps, cet indice souffrait de plusieurs défauts. Par exemple, il permettait de procéder à des évaluations longitudinales mais pas transversales. En clair, on pouvait s’en servir pour suivre l’évolution d’une même personne au fil des années mais pas question de comparer entre eux des coureurs de différentes classes d’âge.

Et l’influence du sex alors ?

Le concept « MQSA » ne fait pas la différence entre les hommes et les femmes alors qu’on sait que les premiers sont nettement favorisés dans l’effort pour toutes sortes de raisons physiologiques: plus de muscle, moins de graisse, plus de globules rouges.

Tenant compte de toutes ces imperfections, la Ligue francophone de triathlon (Belgique) a repris le flambeau et ses travaux ont abouti à produire ce tableau des équivalences sous le nom de «SyméTri» qui intègre l’âge et le sexe. Autre avantage: la méthode fonctionne pour tous les types de performances. Pas seulement sur 10 kilomètres. Il suffit de prendre le temps en secondes à l’arrivée d’une épreuve et appliquer les facteurs de correction. Un petit exemple? Quatre coureurs terminent un triathlon de type sprint dans cet ordre. 1/ Philibert (17 ans) en 60 minutes, 2/ Gédéon (41 ans) en 62 minutes et 42 secondes, 3/ Joséphine (31 ans) en 65 minutes et 14 secondes et 4/ Lucie (24 ans) en 70 minutes et 42 secondes. Après conversion des résultats, le classement a légèrement changé. 1/ Joséphine (3914 x 0,89 = 3483,5 secondes), 2/ Gédéon (3762 x 0,95 = 3574 secondes), 3/ Philibert (3600 x 1.0 = 3600 secondes) et 4/ toujours Lucie (4242 x 0,9 = 3817,8 secondes).

Tous égaux devant SyméTri.

Louis Bouillet est à la fois triathlète, président de la Ligue francophone de triathlon, ingénieur dans le secteur de l’énergie et inventeur du concept SyméTri qui permet la comparaison fine des performances entre elles, nonobstant les différences d’âge et de sexe. «La demande est venue il y a trois ans d’un club qui voulait établir un classement transgénérationnel», explique-t-il. «Ma formation universitaire me permet d’être assez à l’aise avec le maniement des chiffres. J’ai donc repris les meilleures performances réalisées sur dix ans lors du championnat du monde de triathlon amateur pour définir des critères de régression que j’ai comparés ensuite avec tout ce que j’ai pu trouver dans la littérature scientifique.» Il précise ici que son travail ne vaut que pour les épreuves courtes avec un temps d’effort d’une heure environ. Pour des durées plus conséquentes, il faudrait sans doute rehausser légèrement les coefficients d’âge. Sur longues distances, on voit souvent des athlètes qui restent très performants jusqu’à l’âge de 40 ans et plus.

«Voilà comment est né le concept SyméTri», reprend-il. «Dans sa formulation initiale, il ne tenait compte que des tranches d’âge comme on le fait pour la distinction des classements par catégories. Ensuite, on a affiné l’approche et on peut désormais établir un score en fonction de l’âge précis de la personne. Chaque année, SyméTri nous permet de proposer un classement annexe qui réunit tous les triathlètes de la ligue sans autre distinction», conclut Louis Bouillet. Pour l’établir, il faut multiplier le chrono en secondes à l’arrivée d’une course par l’indice SyméTri. On se sert de cette nouvelle valeur pour diviser le temps en secondes du vainqueur de l’épreuve. On multiplie ce résultat par 1000. «On obtient alors un score qui permet de comparer les triathlètes entre eux.»

Par Gilles Goetghebuer

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